Bugatti frappe fort au Salon de Genève et à l’occasion de ses 110 ans, la marque nous dévoile « La Voiture Noire », une automobile unique vendue près de 16.7 millions d’euros. Hommage à la mythique Bugatti Type 57 SC Atlantic, revenons sur l’histoire de cette icône de la marque.
Dans les années 20, l’entreprise n’est pas économiquement au plus haut. Bien que produisant des modèles très luxueux et chers, les résultats commerciaux ne sont pas les succès escomptés, à l’image des Type 50 et Type 41 Royale. Jean Bugatti, fils du père fondateur Ettore Bugatti, décide en 1930 de revoir la stratégie de l’entreprise et de produire plusieurs modèles à partir d’un châssis commun.
La Type 57 fraichement conçue sera proposée en différentes carrosseries et motorisations.
Présentée au mondial de l’automobile de Paris en 1933, elle est équipée d’un moteur 8 cylindres en ligne développant environ 135 ch. Les carrosseries sont dessinées en interne ou par des carrossiers indépendants prestigieux de l’époque. Les versions internes portent toutes le nom de grands cols de montagnes européens ou de lieux célèbres de compétition. Galibier (berline 4 places), Ventoux (coach 4 places et deux portes), Aérolithe (prototype dessiné par Jean Bugatti) ou encore Tank (version course).
En 1935 est lancée la version C équipée d’un compresseur et affichant 170 ch. L’année suivante, c’est la version Sport (S) qui voit le jour. Rabaissée et forte d’un empattement réduit de 320 mm, elle dispose également de 170 chevaux. Cette même année voit aussi venir la version SC d’une puissance de 210 ch et équipée d’un compresseur. La plupart des propriétaires de Type 57 S feront installer le compresseur en seconde monte. Fruit des travaux personnels de Jean Bugatti, la variante Atlantic sera le modèle le plus cher et convoité de la gamme. Seules quatre exemplaires seront produits.
Coupé deux portes issu du prototype Aérolithe dont la carrosserie était réalisée en Electron, un alliage magnésium-aluminium léger et résistant mais ne pouvant être soudé expliquant la présence de la fameuse crête séparant la voiture dans le sens de la longueur et permettant un rivetage des panneaux, la version de production conservera cette crête. Les panneaux de carrosserie seront par contre en aluminium.
Le célèbre banquier britannique Victor Rotshchild sera acquéreur du premier modèle peint en bleu gris, frappé du numéro de châssis 57374, et livré en 1936.
Le troisième exemplaire restera en France, acheté par Jacques Holzschuh et livré aussi en 1936, il porte le numéro 57473 et est de couleur grise. Vendu plus tard, le second propriétaire René Chatard périra en 1955 dans un accident sur un passage à niveau. Le châssis abimé est resté pendant une dizaine d'années en gare de Gien. La voiture sera totalement détruite avant d’être reconstruite, sans le moteur originel.
Le dernier modèle vendu à un client est aujourd’hui propriété de Ralph Lauren. Construit en mai 1938 et livré au Britannique R.B. Pope, il porte le numéro 57591 et arbore une livrée noire.
Enfin, le second exemplaire, sera la propriété de Jean Bugatti lui-même. Portant le numéro 57453 il se caractérise par des portes et pare-chocs avant plus bas. Suite à l’invasion de l’Alsace par les troupes allemandes en 1938, personne ne sût jamais ce qu’il advint de la « Voiture Noire » et le mystère reste entier de nos jours.
Bugatti fait aujourd’hui revivre cette légende au travers de « La Voiture Noire ». Bien plus qu’une réinterprétation moderne de la Type 57 SC Atlantic de Jean Bugatti, ce coupé est pour Bugatti un « synonyme de perfection à la fois dans la forme et dans les finitions ». Conçu sur la base de la Chiron, il en reprend le W16 de 1500 ch pour 1600 Nm de couple. Sa carrosserie est par contre totalement exclusive.
Chaque élément a été fabriqué à la main. La caisse est en carbone à maillage fin dont les fibres sont apparentes. La proue est allongée et la crête centrale ne manque pas d’évoquer son ainée. Cette voiture unique a été vendu 11 millions d’euros hors taxes à un passionné de la marque selon Bugatti. Des sources officieuses avance qu’il s’agirait de Ferdinand Piëch, ancien PDG du groupe Volkswagen dont dépend la marque Bugatti aujourd’hui.
Source et médias : Jérémy TIROLLE
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